cette alchimie citoyenne…les inégalités…le juste possible

La gauche, les inégalités, l’individu… Quelles sont les relations entre les trois ? Comment sommes nous et qu’avons nous à faire ensemble ?

Alors s’il fallait aller directement à ce qui me parait le plus insupportable dans le domaine des inégalités sociales, je dirai tout simplement que c’est impossible tant parce que les evènements sont considérables et ce, même dans la facon dont les uns et les autres nous pouvons envisager notre avenir, notre vie et celle de notre famille, dans le pays dans lequel nous vivons.

Certains ont le pouvoir de rêver d’un futur et de le réaliser, d’autres sont condamnés à rever du futur qu’il pourrait éventuellement réaliser, et puis enfin il y a ceux qui ne songent meme pas à s’inventer un futur parce que leur principale préoccupation c’est tout simplement de vivre parfois même de survivre… Et le combat de la gauche contre les inégalités à souvent été caricaturé et minimisé.  …/…

Notre objectif c’est bien l’épanouissement de la personne, la justice c’est redonner à chacun les moyens d’avancer dans sa vie. Et de réaliser les ambitions qui est celle de la génération qui se lève. Et nou ne sommes pas en contradiction avec Jaurès… on a parfois le scrupule à citer Jaurès parce que tous les socialistes citent Jaurès [rires], et pourtant… c’est d’une modernité tellement époustouflante. Juste une phrase de Jaurès pour les socialistes: "La valeur de toute institution est relative à l’individu humain"
C’est "l’individu humain", c’est drôle d’ailleurs ces deux mots qu’il met ensemble. Souvent nous on dit: "c’est la personne, c’est l’individu…", et Jaurès, lui, dit: "c’est l’individu humain"…
C’est donc "l’individu humain attirant sa volonté de vouloir se liberer, de vivre, de grandir, qui permet desormais, vertue et vie aux institutions et aux idées. Voila les socialistes." dit-il..

…/… La politique doit compenser pour donner à ceux qui n’ont pas le capital de départ. A ceux qui n’ont pas d’épargne, à ceux qui n’ont pas le patrimoine, à ceux qui n’ont pas le capital intellectuel ou culturel de départ. Donc on en revient aux fondamentaux de la gauche.

Ceux qui n’ont pas le capital de départ qu’est-ce qu’ils ont ? Ils ont leur famille avec des idées transmises, d’où la nécesité d’une politique familiale pour aider les parents à leurs responsabilités éducatives.
Ils ont l’école où c’est là que se transmet le coeur du capital ne prédestinant rien, c’est l’école de la république qui va le transmettre ce capital.
Et enfin, la sécurité sociale, puisque celle ci c’est aussi précisement le capital de ceux qui n’en n’ont pas. Aujourd’hui la droite a laissé filer le déficit de la sécurité sociale avant d’avoir en tête sa privatisation. Et donc on sait bien qu’il va falloir farouchement mener ce combat. Parce que je le répète, la sécurité sociale c’est le capital de ceux qui n’en n’ont pas, que l’école qui garantit la réussite individuelle des élèves par le soutient individualisé au bon moment et gratuit, c’est ca le capital de l’état de ceux qui n’en n’ont pas.

D’où l’importance de la politique de la petite enfance, du service public de la petite enfance, car la transmission du patrimoine, elle se fait des les premières années de la vie. C’est à l’oeuvre collective de transmettre individuellement à chaque enfant, ce patrimoine des premières années de la vie. Afin d’égaliser autant que faire se peut le patrimoine de départ.

Le risque de chômage ne recule pas, les cadres se sentent présurés, on a en France la jeunesse la plus pessimiste de tous les pays de l’OCDE. C’est un indicateur très inquiétant.
…/…

Et puis enfin, la justice sociale motive au travail, crée des perspectives, réduit la violence, réduit la criminalité, permet de produire, de progresser. La justice, c’est s’assurer que tous les talents vont pouvoir d’épanouir. C’est donc de la valeur ajoutée, parce qu’une femme qui cotoie un salarié homme dans la même entreprise, et qui est payé 30% de moins n’est pas motivée dans son travail.
Un jeune qui verra une porte se fermer à cause de son nom ou de son quartier ne sera pas motivé pour rechercher du travail.

Et donc la justice sociale, et la lutte contre les inégalités, c’est tout simplement le synonyme de l’esprit d’entreprendre, du gout du risque, l’envie d’être formé, la possibilité d’accéder au crédit, de rebondir, de créer. C’est tout le contraire de ce qu’a fait la droite avec le bouclier fiscal.

En conclusion, nous sommes donc au travail. Pour rénover, pour réformer, en revenant à la source de ce qui fait notre engagement à gauche. Encore faut il oser inventer, oser dire, être offensif. …/…

Mais il y aussi, osons le dire, beaucoup d’inégalités auquelles la gauche ne s’est pas attaqué.
Les inégalités dans l’enseignement supérieur, entre l’université et les grandes écoles. Les inégalités entre les jeunes issus des quartiers populaire, les inégalités entre les décideurs et ceux qui subissent les décisions, trop d’inégalités entre les grandes entreprises et les petites entreprises, là ou le dialogue social est pratiquement inexistant.
…/… Nous sommes dans la période des élections municipales, combien de maires, de présidents de conseils généraux, de présidents de région, ont montré sur le terrain que la lutte contre les inégalités est facteur de croissance économique ! Je me permets de citer un exemple, celui de ma région, où j’ai créé le micro-crédit et les bourses tremplin. Et bien en 3 ans, ce sont 5 000 petites entreprises qui ont été crées.

Et donc en un mot, je pense que la gauche, peut devenir, et va devenir, la force motrice de la croissance francaise, en nous attaquant comme nous l’avons jamais fait, aux inégalités qui rongent notre pays.

Merci beaucoup.

Ségolène Royal

Cet article a été publié dans Actualités et politique. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire